Publié le 4/15/2019 4:23:19 PM par Claudia de Cassioprof
Certaines écoles avant-gardistes se sont déjà munies de corridors actifs alors que d’autres emboitent le pas à vitesse grand V! La popularité de ces installations augmente sans contredit, mais comment savoir par où commencer pour en implanter dans une école? Sarah-Maude Gagnon, ergothérapeute en milieu scolaire, a accepté de nous partager son expérience. Dans cet article, il sera question des avantages et inconvénients liés au corridor actif, la création ainsi que l’implantation de celui-ci.
Les bénéfices
Permet aux élèves de dépenser leur énergie pour ensuite mieux se concentrer ;
Il est possible de faire des apprentissages grâce aux éléments qui composent le corridor actif ;
Offre la possibilité de varier les positions de travail ;
Développe la motricité globale des élèves ;
Offre un contexte sécuritaire et contrôlé pour activer les enfants ;
Peut être utile à la fois pour le service de garde et sur les heures de classe ;
Renforce le lien élève-enseignant en offrant l’opportunité d’apprendre dans un contexte différent et ludique (qui vient souvent rejoindre nos élèves coquins!).
Les bémols
L’excitation des élèves requiert une excellente gestion de classe ;
Certains enseignants dont les classes sont avoisinantes peuvent entendre des bruits ;
Si plusieurs enseignants souhaitent l’utiliser en même temps, il faudrait, éventuellement, établir en horaire ou un système de réservation ;
Si l’école a adopté la politique de silence dans les corridors, les élèves pourraient avoir de la difficulté, au début, à faire la distinction entre les moments pendant lesquels ils sont autorisés à bouger et parler contrairement aux entrées silencieuses.
La création
D’abord, commencez par établir, avec votre direction, le budget alloué à un tel projet. Ensuite, mesurer les corridors impliqués va de soi afin de prévoir les achats nécessaires. Voici quelques conseils de notre ergothérapeute Sarah-Maude concernant l’aménagement d’un corridor actif :
Utiliser les murs (pour faire sauter en hauteur ou pour faire de grosses pressions, par exemple) ;
Varier les couleurs afin d’ajouter plusieurs consignes (une ligne qui change de couleur au milieu pour indiquer aux élèves qu’ils doivent se retourner) ;
S’assurer qu’il y ait suffisamment d’éléments dans un même corridor afin de faire bouger la grande majorité des élèves d’une classe (un élève qui attend longtemps en file pourrait se désorganiser et faire de mauvais choix de comportement) ;
Pour une question de sécurité, si le parcours s’étale sur plusieurs corridors, s’assurer que les élèves ont des points de repère pour connaitre les limites (l’intervenant doit en tout temps pouvoir voir l’ensemble de ses élèves) ;
Idéalement, si l’espace le permet, créer des corridors distincts selon les âges des enfants puisque les défis varient d’un niveau à l’autre ;
Adapter la distance entre les sauts en longueur selon le développement moteur de l’enfant (un élève de maternelle saute moins loin qu’un élève de sixième) ;
Pour le jeu de la marelle, adapter la grosseur des cases à l’âge de l’enfant (dans le même esprit que les sauts en longueur, un élève plus jeune a les pieds plus petits qu’un élève plus vieux) ;
Pour le jeu de marelle dans le corridor des petits, éviter de mettre trop de cases consécutives pour sauter à un pied ;
Intégrer des éléments pédagogiques au parcours moteur comme un nuage de formes géométriques dans lequel l’enseignant pourra écrire au crayon effaçable ou encore une droite numérique sur laquelle les enfants pourront directement se déplacer.
Enfin, lorsque les éléments du parcours seront choisis selon le budget et l’espace disponibles, la commande pourra être passée. Le matériel que Sarah-Maude a utilisé pour créer le sien est des autocollants en vinyle comme ceux qui sont utilisés dans les gymnases. Peut-être que votre commission scolaire a même un fournisseur pouvant vous offrir des tarifs privilégiés. Sinon, des compagnies comme le RSEQ offrent des autocollants de formes géométriques et de mains/pieds. Vous pouvez consulter leur liste de prix juste ici. Enfin, si votre école dispose d’un budget illimité (vous êtes chanceux!), vous pouvez choisir de faire affaire avec une compagnie privée comme « corridoractif.com » ou encore "Corri-bouge" (merci à madame Shanna pour la référence) qui s’occupera de vous aménager le tous. Que votre budget soit de 500$ ou 2000$, vous serez certainement capable de concocter quelque chose d’intéressant! Afin de les préserver le plus longtemps possible, il est également recommandé de faire un bon gros cirage de plancher sur les collants fraichement installés avant de permettre aux enfants de les utiliser.
L’implantation
Ne soyez pas surpris si vos élèves sont agités et qu’ils débordent d’énergie ; c’est certain qu’un tel corridor les remplit de joie! Sa première utilisation consistera donc en une exploration et un enseignement explicite des comportements attendus et interdits dans le corridor. Il serait d’ailleurs judicieux de s’entendre, à l’échelle de l’école, sur les règlements autour de celui-ci afin d’éviter qu’il y ait des malentendus (entre le fonctionnement de l’enseignant et celui du service de garde, par exemple).
Lors de l’implantation dans ses écoles, Sarah-Maude, ergothérapeute, a remarqué que les enseignants appréciaient avoir un document de référence présentant des idées de jeux et d’exploitation autour du corridor actif. Si personne n’est libéré pour la création d’un tel document, vous pourriez proposer à votre direction de créer un « comité actif » lors de la prochaine rentrée qui aurait comme mandat, notamment, la création d’un référentiel.
Voici quelques conseils essentiels pour la création d’activités réussies de notre ergothérapeute, Sarah Maude :
Adapter les consignes selon l’âge des élèves (par exemple, sur une ligne droite, on demanderait à un élève de maternelle de marcher sur les talons alors qu’on pourrait demander à un élève plus vieux de marcher à reculons ou sur la pointe des pieds) ;
Utiliser des pictogrammes pour soutenir la mémoire des plus petits (comme une image de grenouille lorsque le parcours doit se faire en sauts de grenouille) ;
Utiliser des objets lourds pour faire une partie du parcours permet au corps de mieux ressentir la proprioception. En effet, des activités comme demander aux élèves de peser très fort contre un mur ou encore de marcher avec une peluche lourde thérapeutique ont un effet calmant sur les enfants ;
Intégrer les apprentissages au développement moteur en écrivant, par exemple, à l’aide de crayons effaçables (directement au sol) des lettres, des chiffres ou des sons dans le nuage de formes géométriques pour pratiquer la lecture syllabique ou les mots d’orthographe!
En attendant, laissez aller votre créativité, demander des idées aux élèves, consultez votre enseignant d’éducation physique, consultez votre ergothérapeute (CHANCEUX, si vous en avez!) ou encore, inspirez-vous des jeux de camp de jour en y ajoutant une touche pédagogique!